Registre A110

par Yves-hervé dujardin

5146 (texte du créateur du Registre A110)

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À cette époque là, en 1965, le règlement de la FIA permettait de remplacer la carrosserie d'une voiture homologuée en GT par une autre totalement différente. L'idée de construire une auto de circuit à moindre coût, qui pourrait être également utilisée en rallye, germa dans l'esprit de Bernard Boyer à l'usine Alpine. Cette A110 GT4 (aussi appelée M64 GT et surnommée "La Sauterelle" à cause de sa garde au sol et aussi de son comportement erratique...) naquit en 1965.

C'est une voiture hybride. Elle est fabriquée avec un châssis-poutre différent de l'A110 de série, augmenté de divers renforts, et des trains roulants de GT4. Elle est pourvue d'un moteur monté en porte à faux, de 1108 cm3 culbuté développant 98 chevaux et d'une carrosserie de M64, dont le passage de roues arrière est avancé en raison d'un empattement plus court de 2270 mm, comme sur le châssis de GT4, contre 2300 mm sur le proto M64. On doit son aérodynamique à Marcel Hubert. L'auto est assemblée par Jean Prié, sous la direction d'André Désaubry, chez Chappe & Gessalin à Brie-Comte-Robert (Seine et Marne) avec des pièces spéciales de liaison en polyester stratifié ou en alliage léger. Le montage final est effectué chez Alpine.

La 1ère et seule immatriculation de 5146 est 1436 RN 75. En revanche, cette immatriculation a été utilisée par l'usine Alpine sur une A110 qui possédait des roues avants à six écrous (style Lotus). La voiture, pilotée par Henri Grandsire gagna la catégorie GT 1,3 L lors de la course de côte suisse d'Ollon-Villars en 1967. Elle portait le n° 1031.

Pour sa 1ère apparition en course, l'auto est alignée sur circuit. Elle est confiée à Jean Vinatier et à Mauro Bianchi et termine 29ème aux tests des 24 heures du Mans, le 11 avril 1965, n° 70.

Fort de cet enseignement, 5146 est engagée aux 24 heures du Mans qui se déroulent les 19 et 20 juin 1965 avec l'équipage Jacques Cheinisse - Jean-Pierre Hanrioud, n° 55. Lors du contrôle technique d'avant-course, Cheinisse affiche un réel optimisme et se confie à un journaliste du Maine Libre : "C'est une mécanique éprouvée. "Seulement la voiture n'a jamais tournée et il ajoute : "On ne sait pas si elle a des points faibles... Je désire avant tout terminer avec une voiture en bon état... Bien entendu, j'essaierai de bien me placer à l'indice de performance2".

Lanterne rouge aux essais avec un temps de 4'57"8 au tour, contre 4'20" pour le modèle M65 de Mauro Bianchi et Henry Grandsire, elle sera aussi dernière en course à partir de la 6ème heure, suite à un changement d'embrayage, et ce jusqu'à son abandon à trois heures de l'arrivée pour un nouveau problème d'embrayage.

Engagée de nouveau par l'usine Alpine dans une épreuve d'endurance : les 12 heures de Reims 1965, "La Sauterelle" pilotée par Robert Bouharde et Pierre Monneret finit à la 13èmeplace le 4 juillet, n° 60.

La voiture se classe 9ème des Coupes du Salon 1965, le 3 octobre, et remporte la catégorie GT 1,5 L. pilotée par Jean-Pierre Hanrioud, n° 51.

1966 fut une année sans pour "La Sauterelle". Après un an et demi "d'hibernation", l'usine ne veut plus aligner la voiture en circuit en classe GT, mais en rallye dans la catégorie Prototype. Pour ce faire, le proto M64 GT est pourvu d'évolutions mécaniques : le moteur est remplacé par le 1300 Gordini (1296 cm3), les trains roulants sont modifiés pour recevoir des jantes en magnésium et le freinage est amélioré.

Donc en 1967, 5146 retrouve la course et est engagée au Rallye des Routes du Nord, avec la paire : Mauro Bianchi - Michel Gauvain, n° 11. Elle abandonne sur rupture du joint de culasse, après la première spéciale.

L'auto est ensuite alignée au Rallye de l'Ouest (organisé par l'A.C.O.), où aux mains d'André de Cortanze, assisté de Michel Lefèvre, elle se classe 6ème, n° 4.

Les 8 & 9 avril 1967, "La Sauterelle" est présente aux Essais préliminaires des 24 Heures du Mans avec le n° 50. Gérard Larrousse, Jean-Claude Andruet et Jean-François Piot se relaient à son volant. Le meilleur temps de la séance est de 4'22"9, alors que Mauro Bianchi réalise un chrono incroyable de 3'58"6 au volant de l'A210 à moteur 1500. Engagée en catégorie Sport (du fait des précédentes transformations mécaniques) et jugée comme trop sensible au vent, 5146 ne sera pas alignée à la course au mois de juin suivant.

Au Rallye de Bordeaux, l'auto abandonne le 16 avril 1967, emmenée par le duo Mauro Bianchi - Jean-Claude Perramond.

La dernière course de la voiture fut la Targa Florio, où elle abandonna le 14 mai 1967, avec le duo Jean Vinatier et Mauro Bianchi, n° 182. Une sortie de route, sur rupture de fixation de crémaillère de direction, stoppera la progression du proto Alpine.

Lors de ses dernières courses, "La Sauterelle" était équipée d'un moteur Gordini double arbre à cames de 1470 cm3 de cylindrée.

La voiture fut rapatriée chez Chappe & Gessalin après son accident de la Targa Florio et fut vendue par l'entremise de Albert Chappe & Jean Gessalin à Daniel Pignard en 1972 qui restaura la partie avant de l'auto, dont la traverse qui avait été faussée, Elle fut ensuite stockée de 1973 à 2018. Daniel Pignard la possède toujours en 2018 et l'a exposée au Salon de Rouen cette année-là. En 2020, la restauration de la voiture a commncée.

1 Sources : Berlinette Mag n° 6, page 51 et mille Miles n° 56, page 12.
2 L'indice de performance est un classement des performances en fonction de la cylindrée. Il est mis en fonction aux 24 heures du Mans dès 1923.

Les images de 5146

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